mercredi 12 mai 2010

Essere "corporate"

Ici, je dois aussi apprendre à "essere corporate", soit être dans la vibe au niveau business en Italie. Et c'est pas du gâteau.
Exemple, ce jeudi, j'ai assisté au plus long rendez-vous qui n'ait jamais existé sur Terre.
De 10h à 15h.
Oui, c'est ça: 5h.
On avait rendez-vous avec notre agence de communication pour remettre au point les visuels des différentes offres liées aux cartes de fidélité.

J'ai donc écouté de l'italien durant 5h d'affilée, même si à certains moments, je ne pouvais plus cligner des paupières tellement ma tête allait exploser de fatigue. Ajoutez à ça qu'il faisait -15°C dans la salle de réunion. Et que, je le rappelle, on y est resté LONGTEMPS.
C'était une réunion entre filles, et j'ai découvert que c'était universel: les filles ont la capacité de faire tenir 150 sujets de conversations en une seule phrase.
Allez suivre les conversations lorsque l'on passe du format d'une enveloppe à "quel sera le prénom du bébé qu'attend ma boss" ; des paramètres web à "où se trouve la meilleure maternité de Milan"...
Après avoir fait deux pauses café-petit déj, on a été déjeuné toutes ensemble, et la conversation n'a alors plus rien eu de professionnel du tout; à tel point que la fille de l'agence en est allée à me demander le traditionnel "si j'avais un copain - et depuis combien de temps - mais, et la distance?": bref, la totale. Ceci dit, une fille très sympathique.

En dehors de ça, j'ai repéré les infiltrés français au boulot. Et je peux vous dire que ça n'a pas été facile. J'pense qu'en réalité ce sont des espions engagés par le gouvernement français, mais ça vous le gardez pour vous. Ba oui, ils essayent tellement de se faire passer pour des italiens en n'utilisant aucun mot français que y'a forcément quelque chose de louche là-dedans. Mais j'ai réussi à les dépister, que je vous explique comment:

- Certains sont, en dépit de tous leurs efforts pour manier les "o" et les "a", trahis sans même ouvrir la bouche: leur nom les trahis d'emblée: En effet, le "un' café, Jean-Pierre?" qui leur est adressé ne passe pas du tout en dépit du "si, grazie" répondu d'une voix forte pour tenter de sauver la situation...

- Pour d'autres, c'est le contraire: c'est dès qu'ils ouvrent la bouche qu'ils sont démasqués. Ils parlent un italien grammaticalement parfait, mais on dirait simplement qu'ils ne cessent de répéter le mot "mozzarella" de la même manière qu'ils le prononcent dans la phrase "j'aime la mozzarella"- c'est-à-dire en français ou du moins, avec un accent tellement français que ça ne semble pas être autre chose. (Si vous avez besoin de quelques éclaircissements à ce sujet, faîtes -le moi savoir)

Moi j'essaye tellement de m'entraîner pour ne pas être dans ce cas, que du coup je le fais à tord et à travers. Du genre, hier je vais au resto avec Michael (oui qui est là ce week-end!) et pour lui montrer que "AH CA NON JAMAIS, Moi, Fiona Disegni, on ne me prendra pour autre chose qu'une italienne", je me dirige d'un pas assuré vers le serveur en lui disant "siamo due per favore"...serveur qui n'était pas le serveur, mais un homme d'affaires italien qui n'allait qu'aux toilettes...Et voilà, bang.
Ce bang, je me le prends aussi quand le serveur me répond en anglais alors que je lui pose une question en italien et PIRE encore, lorsqu'il nous dit "you can eat: it's free" lorsqu'on va prendre un apéritivo.

Bref:

"Essere corporate" : c'est dur.

"Essere italiana": c'est dur.

Alors imaginez "essere una italiana corporate"...y'a du boulot!!






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